La bureautique communiquante : quelle emprise sur le travail collectif ? |
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C. GOUEDARD (Estelle France),
J. LATRILLE
(Télésystèmes/Questel)
O. BOUILLANT (SEPT)
paru dans les actes du XXVIIème Congrès de la Société
d'Ergonomie de Langue Française (SELF), Lille. Dans un paysage bureautique fortement hétérogène et en perpétuelle évolution, le projet AMBIANCE, lancé par FRANCE TELECOM en Janvier 1991, se propose de développer de nouveaux services collectifs de communication et de traitement des documents électroniques. Ces nouveaux services pourront être utilisés par des groupes sectoriels, par des services d'entreprises qui reposent sur une abondante communication externe (service achat, vente, marketing, etc...) ou encore par des entreprises coopérant ponctuellement, pour ne citer que quelques exemples.
Les principaux axes d'innovation sur lesquels s'engage le projet sont axés sur la mise à disposition d'outils et services favorisant la dimension collective du travail bureautique :
2. Objet de l'intervention ergonomique Une première phase de réflexion ayant permis de décliner (sur le papier) un certain nombre d'outils et de services nouveaux propres au projet, il importait, dès les premiers stades de la conception, de prendre en compte des situations bureautiques réelles afin d'éprouver l'adéquation des concepts initiaux du projet à cet existant. Dans cette optique, les missions incombant aux ergonomes étaient de :
3. Démarche Lors d'une première étape, la viabilité a priori des concepts et objets proposés par l'offre AMBIANCE a été appréciée par référence à des contextes organisationnels variés. A cet effet, à partir d'un panel de 9 sociétés équipées en bureautique, 25 responsables et/ou utilisateurs ont été rencontrés à leur poste de travail. Les investigations ont été menées auprès de : Schlumberger Industries, la Caisse des Dépôts et Consignations, le Ministère de l'Equipement, la Direction de la Production de France Télécom, Dassault Automatismes et Télécommunications, la Bibliothèque Inter-Universitaire de Médecine, et dans une moindre mesure, auprès de la BNP, de la Poste et d'EDF.
Dans une seconde étape, une maquette de l'interface implantée sur un ordinateur portable, a permis de faire réagir les utilisateurs aux concepts et objets de l'offre AMBIANCE. L'utilité (niveau conceptuel) et "l'utilisabilité" (ergonomie du dialogue) des objets proposés ont été évaluées, en se fondant sur l'observations des comportements et les points de vue exprimés par les utilisateurs, ainsi que sur l'expertise des consultants en ergonomie lors d'un pré-diagnostic de l'interface.
4.1 La messagerie est l'épine dorsale de la bureautique communicante
Tant qu'une certaine masse critique d'utilisateurs de la messagerie n'est pas atteinte, l'implantation bureautique reste ponctuelle et balbutiante, cantonnée à quelques foyers d'utilisation fluctuante. La messagerie est utilisée le plus souvent par curiosité, comme un gadget. A contrario, lorsque la masse critique est atteinte, apparaissent des problèmes liés à l'inflation des informations, et des effets pervers de la communication : saturation des possibilités de traitement des informations, mauvais ciblages, contourne-ment de la hiérarchie, non confidentialité des informations.
4.2 Les procédures manuelles sont encore largement utilisées
La circulation de documents sur support électronique consiste essentiellement en des tranferts de fichiers, de pièces-jointes transitant par la messagerie, de reroutage de messages en cas d'absence, de documents ou de modèles de lettres mis à disposition dans l'entreprise. Cet échange de documents se heurte encore à des incompatibilités de formats. Les outils traditionnels (tampons de diffusion, parapheurs,...) restent les moyens les plus utilisés pour la circulation des documents en entreprise.
Les formes de travail coopératif rencontrées se résument le plus souvent à des travaux très simplifiés. Le cas typique est celui de la coopération secrétaire/ingénieur sur un document, où la secrétaire dactylographie et met en forme, l'ingénieur relit, la secrétaire effectue les dernières modifications. Quelques outils manuels (fiches de lecture,...) sont constitués pour favoriser l'organisation du travail collectif sur de gros documents, mais le point de rencontre privilégié est la réunion physique : elle seule, permet la perception de tout un ensemble de méta-informations sur les participants, et favorise la dynamique des relations inter-personnelles.
La recherche documentaire demeure l'affaire de spécialistes.
4.3 Certains outils existants sont partiellement utilisés
Certains outils actuellement utilisés révèlent des points faibles et des lacunes (fonctionnalités manquantes, difficultés d'utilisation,...) :
4.4 Quelques indicateurs du niveau d'intégration bureautique
Pour dégager une typologie de modèles socio-organisationels, un certain nombre d'indicateurs existent : ils appartiennent soit au domaine de la sociologie (systèmes de conduite, longueur de la ligne hiérarchique, qualifications,...) soit au domaine technique (réseaux, équipements télématiques,...). Pour cette étude, quatre indicateurs primordiaux ont été identifiés, dans l'ordre :
Ces indicateurs sont interdépendants et cumulatifs. Ainsi, le niveau d'intégration bureautique s'élève, au fur et à mesure que chaque échelon est franchis. Selon le positionnement vis à vis de ces indicateurs, deux modèles organisationnels opposés émergent :
La prise en compte des interactions entre la sphère individuelle et la sphère collective doit permettre de structurer l'architecture des produits et services en adéquation avec les attentes des usagers.
Le champ d'application des services AMBIANCE nécessite d'être suffisamment ouvert pour tenir compte de la diversité des pratiques de travail. Les modalités de passage entre le travail collectif et le travail individuel doivent intégrer deux cas de figures principaux :
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