Accueil Le Monde Interactif
Publicité sur le web
Mode texte pour impression

  • Humaniser la technologie
  • Profil
  • Des guides sur le chemin du Web
  • Surfin' Arizona 
  • Donner du relief aux données
  • Il fait parler les cartes 
  • Les entreprises apprennent l' exactitude 
  • Le maître de la mesure 
  • Profil 
>Accueil > Métiers
 
L' anthropologue de la Toile

Portrait
Henri Fanchini rend les sites Web faciles à manier par leurs visiteurs et leurs gestionnaires

 
Mis à jour le lundi 7 février 2000

LA FNAC, Dassault, la Cogema, mais également l'Institut d'études politiques (IEP) de Paris, le ministère de l'environnement et de l'aménagement du territoire, et aujourd'hui le premier ministre... A en juger par le carnet de commandes d'Artis Facta, la société qu'il a fondée et dirige depuis 1994, Henri Fanchini est quelqu'un qui compte. Une référence quasiment incontournable dans le petit monde de l'ergonomie informatique. A 41 ans, cet ingénieur ergonome diplômé du Conservatoire national des arts et métiers (CNAM) conseille les institutions et grandes entreprises publiques et privées qui souhaitent améliorer leur site Internet : « Quand il y a un gros enjeu économique ou d'image institutionnelle, les dirigeants s'adressent désormais à des professionnels pour concevoir l'ergonomie de leur site », constate Henri Fanchini.

Des professionnels, Artis Facta en compte six, spécialistes de l'ergonomie en général et de l'informatique en particulier. Ce sont eux qui observent, décortiquent, analysent les sites de leurs clients pour en améliorer l'efficacité. Selon le même protocole expérimental, qui emprunte aussi bien à l'ingénierie des systèmes d'information qu'à l'anthropologie sociale.

Tout commence par l'« inspection ergonomique ». Objectif : vérifier si le site respecte les recommandations formulées par l'Institut national de recherche en informatique et en automatique (Inria) ou par le Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en matière de conception d'applications Web (barre de navigation, bandeau, aspect des liens, titres...), ce qui donne à l'expert une occasion de souligner les premières incohérences qui lui apparaissent. « Le principal point faible des sites actuels est l'absence de structuration de leur interface. Celle-ci empêche les internautes de trouver des informations pourtant présentes et provoque leur migration », remarque Henri Fanchini.

Une fois le site passé à la loupe, il s'agit ensuite de le soumettre à des internautes pour en mesurer l'« utilisabilité » (facilité d'installation, d'utilisation ou de mémorisation). L'ergonome se transforme alors en anthropologue, filme et enregistre une petite douzaine de cobayes - de la ménagère de plus de 50 ans au jeune cadre nomade - auxquels il assigne des tâches précises comme trouver une information donnée ou passer une commande en ligne. Repérer sur quelle icône clique l'internaute, sur quoi il bute, ce qui lui fait perdre son sang-froid... Pour deux heures d'enregistrement, une journée d'exploitation est nécessaire.

Mais le travail de l'ergonome ne se résume pas à une simple activité d'évaluation. A partir des nombreuses observations qu'il aura soigneusement synthétisées dans un rapport d'étude, Henri Fanchini distille ses recommandations aux concepteurs du site, qu'il conseille et accompagne dans leur entreprise d'optimisation. « Nous n'avons pas de solution toute faite, on travaille sur mesure, explique l'ingénieur  ; mais, à chaque fois, nous abordons la conception d'un site comme un vrai projet informatique. » Ce qui sous-tend que l'ergonome doit non seulement prendre en compte l'utilisateur final du site (l'internaute), mais également son gestionnaire, celui qui, à l'autre bout de la chaîne de production, veille quotidiennement à son bon fonctionnement.

« Il faut penser les conséquences qu'auront les modifications apportées au site sur le pauvre gars qui doit l'actualiser en permanence », prévient Henri Fanchini. Il doit également savoir user de talents de psychologue pour se faire accepter des salariés et analyser, in situ, la relation qu'ils entretiennent avec leur outil de travail. Et l'humaniste de rappeler : « Le confort du travailleur prime toujours sur celui de l'utilisateur. »

www.artis-facta.com

St. M.



Le Monde daté du mercredi 9 février 2000

Droits de reproduction et de diffusion réservés; © Le Monde 2000
Usage strictement personnel. L'utilisateur du site reconnaît avoir pris connaissance de la licence de droits d'usage, en accepter et en respecter les dispositions. Lire la licence.